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L'art roman et la mer - Les cahiers de Saint-Michel de Cuxa. XLVIII

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Neuf

cuxa-48. L'art roman et la mer - Les cahiers de Saint-Michel de Cuxa. XLVIII

28 décembre 2018

diffuseur : éditions mergoil

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28,44 €

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Jacqueline LECLERCQ-MARX

FORMES ET FIGURES DE L’IMAGINAIRE MARIN, DANS LE HAUT MOYEN ÂGE ET DANS LE MOYEN ÂGE CENTRAL

 

Si les poissons et les monstres marins tiennent une place extrêmement importante dans l’art romain, l’imaginaire marin de l’Antiquité apparaît moins riche que celui du Moyen Âge. De fait, l’imaginaire marin médiéval s’est non seulement nourri de l’affirmation plinienne selon laquelle tout être vivant sur terre possède une contrepartie marine, mais il a également intégré des traditions germaniques et celtiques qui faisaient de l’élément marin un lieu habité par toute une faune étrange, dont certains spécimens ont parfois été confondus avec l’un ou l’autre monstre d’origine gréco-romaine. C’est ainsi que l’hybride marin est très présent dans la pensée et dans l’art du Moyen Âge même si sa présence apparaît souvent comme une construction intellectuelle à finalité didactique, ou relève de la pure fiction ou du simple ornemental.


Tancredi BELLA

BÂTIR FACE À LA MER : LA CATHÉDRALE NORMANDE DE CATANE EN SICILE. ÉTAT DE LA QUESTION

La construction de la cathédrale de Catane s’insère dans le cadre de la conquête normande de la Sicile, comme centre religieux et militaire. Avec le rétablissement du diocèse (1092), le bâtiment a été érigé dans les années 1086-1094 à la demande de Roger I de Hauteville, qui en 1091 appela par la Calabre Ansger, prieur breton à Sant’Eufemia, comme nouvel évêque. Église forteresse pour son emplacement stratégique à proximité de la mer et du port et en réseau avec le système d’avertissement côtier, la cathédrale a été inséré dans le coeur de la ville médiévale. Malgré les dommages causés par les tremblements de terre (le plus sérieux en 1693), après quoi le monument a été reconstruit en gardant les parties romanes (absides, transept, structures accolées et probablement parties de la façade), il est maintenant possible d’étudier à nouveau le plan, les élévations, l’articulation des espaces médiévaux et leur fonction, même avec l’aide de nouveaux documents inédits provenant des archives publiques ou privées, et aussi de présumer certaines hypothèses en corrélation avec d’autres cathédrales sicilienne normandes et différents contextes d’au delà des Alpes.


Simone CALDANO

L’ARCHITECTURE DANS LE PONENTE LIGURE AU XIe SIÈCLE

Le ponant de la Ligurie présente une grande richesse d’architectures du XIe siècle. Dans ce territoire il est possible de documenter des édifices de plan basilical, à nef unique et, plus rarement, à deux nefs. Ce sont des édifices en général réfractaires à la couverture de voûtes et dont les murs sont découpés en panneaux rythmés, généralement sommés d’arcatures aveugles jumelles. Les chantiers les plus importants sont la cathédrale et l’église Saint-Michel à Vintimille, San Paragorio de Noli et les édifices de la région de Finale Ligure.


Daniel ISTRIA, Sophie CARON, Alexandra SOTIRAKIS

LA CATHÉDRALE DE MARIANA (CORSE). RETOUR SUR LE CONCEPT DE ROMAN D’IMPORTATION

Pour les hommes du Moyen Âge, la mer est vécue comme un espace de communication. Elle est le théâtre d’échanges dont l’importance et le rythme fluctuent au fil des siècles, mais qui se poursuivent sans véritable solution de continuité. Plus que tout autre lieu, l’île est à même de révéler les caractéristiques de ces échanges et s’impose de fait comme un laboratoire idéal pour analyser les phénomènes de diffusion. En 2015 a débuté l’étude archéologique d’un édifice emblématique de l’architecture romane corse : la cathédrale Santa Maria Assunta de Mariana, plus connue sous le nom de Canonica. Consacrée en 1119, cette église est à ce jour la plus vaste, la plus complexe et la mieux documentée de l’île. Abandonnée à la fin du XVe siècle et déjà partiellement ruinée au XVIe, elle ne fait l’objet de campagnes de restauration qu’à partir de 1931 sous la direction de H. Huignard, architecte en chef des monuments historiques, puis dans les années 1980 et 90 grâce à l’intervention de J.-C. Yarmola, P. Colas et enfin J. Moulin. Les études stylistiques réalisées anciennement par C. Aru (1908), G. Moracchini-Mazel (1967) et R. Coroneo (2006), insistaient sur l’importance des influences extérieures, particulièrement pisanes et dans une moindre mesure lucquoise. Sans contredire ce point de vue, la relecture du monument et l’analyse encore inédite des techniques de construction et de l’organisation du chantier, dévoilent une situation plus complexe et articulée. Au-delà d’évidentes références aux édifices toscans, les données recueillies révèlent aussi de possibles influences plus lointaines et l’importation probable d’éléments sculptés tout en mettant en évidence la part importante prise par les savoir-faire locaux. Ces nouvelles informations invitent ainsi à s’interroger sur les déplacements des hommes, des idées et des matériaux entre la Terre Ferme et l’ île. Partant, elles soulèvent la question de la validité du concept « d’art roman d’importation », qui a profondément marqué l’ historiographie régionale du XXe et du début du XXIe siècle, depuis la publication par Prosper Mérimée de ses Notes d’un voyage en Corse (1839).


Émeric RIGAULT

L’ICONOGRAPHIE DU SACRIFICE D’ABRAHAM DANS L’ART ROMAN DU SUD-OUEST DE LA FRANCE ET DU NORD DE L’ESPAGNE (XIE-XIIIE SIÈCLES) :
NOUVEAUX ÉLÉMENTS DE RÉFLEXION

L’ iconographie médiévale du sacrifice d’Abraham (Genèse 22), d’une part, et la sculpture romane du Sud-Ouest de la France et d’Espagne, d’autre part, sont des sujets d’étude ayant déjà été largement traités. Pour autant, une attention nouvelle accordée aux diverses sources, fonctions et programmes de ces images monumentales permet de renouveler l’analyse, des deux côtés des Pyrénées, d’oeuvres bien connues comme de productions plus inédites.


Immaculada LORÉS i OTZET

UN NOUVEAU CHAPITEAU DU CLOÎTRE ROMAN DE SANT PERE DE RODES (CATALOGNE) AVEC L’HISTOIRE DE NOÉ, AU MUSÉE DE CLUNY À PARIS

Le Musée de Cluny de Paris a acquis en 2014 un chapiteau d’une collection d’Heidelberg qui s’ajoute au groupe de chapiteaux catalans que le musée conserve depuis le XIXe siècle et qui viennent très probablement du cloître de Sant Pere de Rodes (Catalogne). Le présent travail analyse ce chapiteau, il le présente et le rattache aux représentations plus proches du cycle de Noé des cloîtres de la cathédrale de Gérone et du monastère de Sant Cugat del Vallès et aux possibles modèles dont on disposa dans ces trois cloîtres.


Aymat CATAFAU

LA CÔTE CATALANE AUX XIe-XIIe SIÈCLE : L’AUTRE FRONTIÈRE. ASPECTS ARCHITECTURAUX ET ARCHÉOLOGIQUES

Nous avons l’habitude de considérer la Catalogne médiévale comme une terre de frontière. La côte est aussi une frontière, avec ses dangers et ses chances. La Catalogne des Xe-XIIe siècles a donc une frontière de plus, plus difficile à percevoir, mais déterminante pour son histoire. Selon l’image traditionnelle des rapports entre la Catalogne et la mer, durant l’Antiquité et l’Antiquité tardive, la côte catalane est l’intermédiaire avec le monde méditerranéen ; cinq siècles plus tard, le XIIIe siècle marque le début de l’expansion catalano- aragonaise. Dans la période intermédiaire, on considère que la Catalogne tourne le dos à la mer. Je voudrais comprendre ce que la côte catalane de l’époque romane doit à l’époque antérieure, et percevoir ce qui, à l’époque romane, annonce et explique l’essor maritime des siècles suivants. L’examen attentif de sources extérieures au domaine catalan, comme le Liber Maiolichinus pisan, et des vestiges architecturaux et archéologiques permettra de réévaluer l’activité maritime de la Catalogne dès les alentours de 1100, un siècle avant la grande expansion maritime catalano-aragonaise.


Anne-Sophie TRAINEAU-DUROZOY

JONAS ET LE POISSON

Selon la Vulgate, Jonas est avalé et recraché par un piscis grandis (Jonas, II III) ou un cetus (Matthieu, XII), monstre marin ou poisson de mer. À l’époque romane, les textes en langue latine utilisent les terme de piscis ou de cetus, tandis qu’apparaît dans les langues vernaculaires le mot « baleine ». Les images (enluminure, sculpture, vitrail, émail), très différentes de celles de l’Antiquité, montrent soit un poisson, soit un monstre marin aux attributs terrifiants. L’animal fait d’abord de Jonas une figure typologique, annonçant la mort et la résurrection du Christ. Mais le goût pour le merveilleux conduit, de plus en plus, à utiliser le poisson pour séduire l’auditoire ou le spectateur.


Dubravka PRERADOVIĆ

LE CULTE ET L’ICONOGRAPHIE DE L’ARCHANGE MICHEL SUR LE LITTORAL SUD-ORIENTAL DE L’ADRIATIQUE, ENTRE LE IXe ET LE XIe SIÈCLE

L’auteure propose un examen de divers aspects du culte de l’archange Michel sur le littoral sud-oriental de l’Adriatique, du IXe au XIe siècle, par l’examen de documents archéologiques, des dédicaces d’églises, des inscriptions, de sources liturgiques et narratives, de la toponymie ainsi que de documents iconographiques. À cette période, cette zone est partagée entre Byzantins et slaves, Serbes et Croates. Michel, l’intercesseur par excellence, était vénéré comme chef des armées célestes, protecteur du pouvoir royal, des villes et des sanctuaires, membre de la cour céleste et psychopompe. Le respect de la tradition garganique dans le choix des lieux d’implantation des monastères bénédictins consacrés à saint Michel indique par ailleurs, indirectement, que l’archange était aussi invoqué pour une de ses fonctions principales, celle de guérisseur.


Javier MARTÍNEZ DE AGUIRRE

LES DANGERS DES VAGUES : CONSIDÉRATIONS SUR UN CHAPITEAU DE LA CATHÉDRALE DE JACA

La scène représentée sur le beau chapiteau dit « des vagues », situé sur le pilier central l’arcature méridionale de la cathédrale de Jaca, a fait l’objet de plusieurs interprétations. Sur la face avant, une jeune fille essaie d’attirer un personnage masculin qui désigne la direction opposée. Sur les faces latérales, de jeunes satyres poussés par des démons soufflent dans des flûtes doubles. L’hypothèse soutenue dans cet article tient compte de la position du chapiteau au centre de la nef, près de la porte située face au marché, pour proposer que la sculpture est une allégorie des épreuves et des tentations qui assaillent le fidèle au cours de sa vie. La scène ferait alors partie intégrante du discours visuel offert par d’autres chapiteaux à l’intérieur de l’église et ferait ainsi écho à la spiritualité bénédictine encouragée par l’évêque Pedro (1086-1099).


Andrea PALA

ARCHITECTURE ET SCULPTURE DANS LA SARDAIGNE DES XIe-XIIe SIÈCLES, INTERACTIONS ENTRE L’ÎLE ET LA TERRE FERME DANS LE CADRE DE L’ART ROMAN DANS LA MÉDITERRANÉE OCCIDENTALE

L’étude des grands chantiers des XIe-XIIe siècles, inaugurés dans l’ île de Sardaigne avec l’édification et l’achèvement de cathédrales et d’abbayes, nous a permis de supposer la présence d’artisans provenant des territoires extra insulaires. Il est souvent difficile de dissocier la figure de l’architecte et celle du sculpteur, parfois réunie en une seule personne. Malgré cela, il est possible de reconnaître dans les parements de maçonnerie des églises, des oeuvres plastiques raffinées, qui résultent être le témoignage le plus consistant de la sculpture médiévale en Sardaigne. La relation analysera les architectures et les manufactures sculpturales qui survivent en Sardaigne et que l’on peut rapporter aux premières phases de l’Âge roman, en mettant en évidence de nouveaux éléments et de récentes acquisitions. Nous analyserons une période pendant laquelle l’ île a été une terre d’expansion économique et culturelle pour Pise, vraisemblablement considérée comme un terrain fertile où répliquer, et peut être expérimenter, des architectures et des oeuvres plastiques qui se posent en position centrale dans le décor artistique méditerranéen et européen des XIe-XIIe siècles.


Oriane PILLOIX

LES PARTIES ROMANES DE L’ANCIENNE CATHÉDRALE DE SAINT-BERTRAND-DE-COMMINGES

De la cathédrale romane bâtie par l’évêque Bertrand de L’Isle-Jourdain (v. 1050-1123), canonisé au début du XIIIe siècle et dont la cité tire son nom, il ne reste que la silhouette massive de la tour-clocher, ainsi que les parties basses des murs gouttereaux de la nef, sur lesquels s’appuie la nef gothique reconstruite au XIVe siècle. La bibliographie existante a toujours fait état de deux campagnes de construction pour cette période : une première campagne durant l’épiscopat de Bertrand, qui aurait vu la construction d’une nef charpentée et d’un clocher-mur, et une seconde dans la deuxième moitié du XIIe siècle avec l’ajout du clocher au-dessus de la première travée, du portail, et du voûtement. Toutefois, une étude archéologique du bâti de ces parties romanes a permis de proposer une chronologie différente, et d’attribuer à une seule campagne la construction de la cathédrale. L’analyse de la structure de la première travée et de l’intégration du clocher dans la nef aboutit à la mise en perspective du chantier avec les créations architecturales contemporaines du sud-ouest de la France. Ainsi, il peut être possible d’en comprendre l’élaboration et la fonction, mais également d’affiner la chronologie de la construction de la cathédrale romane, pour en proposer une restitution.


Yann CODOU

SAINT-HONORAT DE LÉRINS, UN MONASTÈRE INSULAIRE : DU STÉRÉOTYPE ARCHITECTURAL AUX SPÉCIFICITÉS MONUMENTALES

Notre étude s’attache à analyser le programme architectural, attribuable pour l’essentiel à une grande phase de construction du XIe siècle, sur l’île Saint-Honorat de Lérins (Cannes, Alpes-Maritimes). Le discours sera double, d’une part nous soulignerons en quoi cette organisation monastique maritime apparaît comme stéréotypée par rapport à des prototypes déjà développés ailleurs. Cet aspect est illustré plus particulièrement par l’organisation claustrale. Néanmoins, derrière cette première perception, le monastère affirme sa différence à travers de multiples aspects. L’histoire du monastère, dont les fondements appartiennent aux premiers temps du monachisme occidental, conduit les moines à rechercher des mises en scène qui proclament l’ancienneté de la fondation. L’insularité, elle aussi liée aux origines du monastère, entraîne des choix spécifiques pour ce qui est des relations avec les laïques, fondés sur des relations ambivalentes de mise à distance et de présence prégnante.


Xavier BARRAL i ALTET

CONCLUSIONS : UNE MER HABITÉE POUR CEINTURER LE MONDE CONNU

Au delà de la synthèse générale sur les Journées 2016, les conclusions ouvriront les perspectives vers un aspect de l’iconographie de l’eau et de la mer qui concerne la géographie et la cosmologie ; deux curiosités savantes médiévales qui sous-tendent l’iconographie générale de l’identité marine et de ses habitants. La terre et la mer sont parmi les quatre éléments ceux que l’on voit le plus fréquemment personnifiés. Parfois, la division terre-eau semble plutôt s’intégrer au récit de la Création d’après la Genèse, lorsqu’au troisième jour Dieu sépara la masse des eaux du continent, qu’il appela Terre (Gn I, 9-10). Dans d’autres cas, l’art monumental reproduit de véritables cartes géographiques dans lesquelles l’eau de la mer ceinture le monde connu. À Turin, dans la mosaïque de Saint-Sauveur, une composition circulaire est inscrite dans un carré ; les vents garnissent les écoinçons. Le grand cercle représente l’océan, avec ses îles, qui sont identifiables par des inscriptions. L’ensemble océan-vents est la caractéristique essentielle des mappemondes médiévales. À l’intérieur du cercle représentant l’océan, le décor de la mosaïque n’est plus rendu dans des termes cartographiques. On s’attendrait à y trouver les continents, mais, à leur place, on voit une série de huit grands cercles enlacés enfermant des animaux, dont des oiseaux, des griffons, des lions, un taureau ou un éléphant pour signifier la faune des différents pays : ce sont des symboles cartographiques déguisés. Au centre du pavement, une représentation de la roue de la Fortune, image importante dans la stratégie iconographique médiévale pour exprimer dans un mouvement circulaire un contexte cosmique et géographique : la roue de la Vie est figurée dans une mise en page souvent proche sinon identique à celle de l’Année et des mois. L’eau peut aussi être figurée sous forme de fleuves qui arrivent à la mer. Les fleuves du Paradis sont souvent représentés aux quatre angles d’une composition. Si en général on peut y voir les sources de vie du chrétien, lorsqu’ils occupent cet emplacement, ils s’assimilent à des images quadripartites, liées à la symbolique du chiffre quatre : quatre évangélistes, quatre points cardinaux, quatre vertus, quatre saisons, quatre éléments. Parfois, les fleuves ont la particularité d’être représentés sous la forme de têtes humaines ou masques, aux oreilles d’animal, et dotées de cornes qui, suivant la tradition antique représentent la source du fleuve, donc de l’eau et de la mer.

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